JLAR 2005

 

 

Critères de l'expansion volémique

 

Benoît Tavernier

Clinique d'anesthésie réanimation, hôpital Roger Salengro, CHU de Lille.

btavernier@chru-lille.fr

 

 

La question des critères du remplissage vasculaire (RV) se confond avec celle du "monitorage de la volémie". En pratique, elle se pose schématiquement de deux façons différentes. Classiquement, ces indicateurs sont issus d'un monitorage qui doit contribuer à la prise en charge de toute situation d'instabilité hémodynamique avérée (malade avec signes d'hypoperfusion périphérique par exemple) ou potentielle (anesthésie pour chirurgie hémorragique chez un patient atteint d'une cardiopathie par exemple). Un deuxième cadre d'indication potentielle peut être envisagé à partir des travaux récents suggérant que "l'optimisation" periopératoire systématique ( c'est-à-dire en l'absence de tout signe évocateur d'insuffisance circulatoire) du débit cardiaque par le remplissage vasculaire (RV) pourrait réduire la morbidité postopératoire chez certains patients "à risque" [1-4].

 

Ces indicateurs sont souvent associés à la volémie car celle-ci est un déterminant majeur du retour veineux vers le cœur. Elle influence ainsi la précharge ventriculaire, donc le débit cardiaque, et, in fine, le transport de l'oxygène. En réalité, ce n'est pas la valeur absolue de la volémie ni même celle de la précharge ventriculaire qui intéressent le clinicien, mais la "réponse" du débit cardiaque (et/ou, peut-être mieux, d'un indice évaluant l'adéquation du transport en oxygène à la demande) à une intervention thérapeutique modifiant le retour veineux (RV en particulier). En considérant qu'à l'inverse, tout RV qui n'augmente pas le débit cardiaque est inutile (voire délétère), on comprend l'intérêt potentiel de disposer d'indices prédictifs de cette réponse au RV.

 

1- Monitorage de la précharge ventriculaire

La pression veineuse centrale (PVC) reste très utilisée pour décider de l'opportunité du RV. C'est en fait essentiellement l'interaction entre retour veineux et fonction ventriculaire droite qui est évaluée par la PVC. Il est incontestable que la PVC varie au cours de l'hypovolémie et du RV. Cependant, les études ayant évalué la capacité de la PVC à prédire la réponse au remplissage ont montré qu'elle discriminait mal les patients dont le débit cardiaque allait augmenter en réponse au RV (patients "répondeurs") de ceux dont le débit cardiaque n'allait pas augmenter en réponse à ce remplissage (patients "non-répondeurs") [5-9]. La pression artérielle pulmonaire d'occlusion (PAPO) a également été très utilisée pour l'évaluation de la précharge cardiaque et la conduite du RV dans les situations hémodynamiques complexes. La plupart des critiques faites à l'utilisation de la PVC peuvent en fait s'appliquer à la PAPO (voir in [10]). De fait, la majorité des études qui ont évalué la capacité de la PAPO à prédire la "précharge-dépendance" du débit cardiaque n'ont pas trouvé de différence entre les valeurs mesurées chez les "non-répondeurs" et les "répondeurs" [5-9,11-14].

La valeur d'un chiffre isolé de PVC ou de PAPO pour décider d'un RV est donc limitée. Ceci a même été récemment confirmé chez des volontaires sains [15]. Chez les patients en ventilation spontanée, la mesure de la diminution de la PVC au cours de l'inspiration pourrait améliorer la valeur prédictive de la PVC (plus précisément de la POD [16]). D'une façon générale, des valeurs basses (PVC < 5 mm Hg, PAPO < 5-7 mm Hg [17]) peuvent conduire au RV. Dans les autres cas, il est nécessaire d'obtenir des informations non pas statiques mais dynamiques, en particulier par la réalisation d'un test de remplissage (voir plus loin).

Les cathéters artériels pulmonaires pour la mesure de la fraction d'éjection ventriculaire droite permettent le calcul des volumes ventriculaires droits. L'utilisation du volume télédiastolique du VD (VTDVD) permet donc, au moins en théorie, de s'affranchir de la relation pression - volume pour l'estimation de la précharge du VD. Les études ayant évalué l'intérêt du VTDVD pour l'estimation de  la "précharge-dépendance" du débit cardiaque n'ont pas, pour la plupart, pu montrer de différence entre les valeurs obtenues (avant RV) chez les "répondeurs" et les "non-répondeurs" [5-8,11,12]. Le rôle de la fonction ventriculaire, gauche en particulier, dans la réponse du débit cardiaque aux variations de la précharge, peut expliquer en partie ces résultats.

Plusieurs indices ont été proposés pour apprécier la précharge ventriculaire en échocardiographie (essentiellement par voie transoesophagienne en anesthésie-réanimation), mais l'un des plus facilement accessibles et le plus étudié est la mesure de la surface télédiastolique du VG (STDVG). La STDVG évalue de façon précise la précharge du VG et de faibles variations de volémie entraînent des variations de la STDVG. Plusieurs études, réalisées chez des patients de soins intensifs, ont évalué la valeur prédictive de la STDVG pour la "précharge-dépendance" du débit cardiaque. Les résultats suggèrent que la STDVG ne prédit pas de façon satisfaisante la réponse du débit cardiaque au RV [13,14,18]. De fait, il n'a pas été possible, dans ces études, de définir une valeur seuil permettant de séparer correctement les "répondeurs" des "non-répondeurs". Pendant la ventilation contrôlée, le débit cardiaque des sujets dont la fonction myocardique est normale est le plus souvent "précharge-indépendant" quand la STDVG est supérieure à 9-12 cm2/m2. Comme avec les paramètres de pression, les variations de la STDVG doivent en fait être suivies après une épreuve de RV. D'autres indices, issus par exemple de la mesure des flux entre les cavités gauches par döppler, permettent probablement une évaluation plus précise des indications du RV, mais leur mesure et leur interprétation, qui doit intégrée à l'ensemble de l'examen échocardiographique, restent réservées aux spécialistes de la technique.

La mesure du débit cardiaque "transpulmonaire" par thermodilution (injection d'un bolus froid par un cathéter veineux central et mesure au niveau de l'aorte distale par un cathéter artériel introduit par voie fémorale, PiCCO™, Pulsion) permet de calculer un "volume télédiastolique ventriculaire global" (VTDVG) et un "volume sanguin intra-thoracique" (VSIT). Théoriquement, ces deux paramètres permettent de s'affranchir des limitations liées à la relation pression-volume ventriculaire et, de plus, évaluent une précharge globale, biventriculaire. Lors du RV, les variations du VSIT sont mieux corrélées aux variations du débit cardiaque que ne le sont les variations de la PVC ou de la PAPO [19]. Des résultats moins satisfaisants ont été obtenus chez des patients dont la fraction d'éjection ventriculaire gauche était altérée [20]. D'autres limites ont été mises en évidence [21,22]. En fait, l'interprétation d'une valeur isolée reste délicate, et la capacité de ces paramètres de précharge à prédire la réponse du débit cardiaque au RV n'est à prendre en compte que pour des valeurs extrêmes (< 500-600 ml/m² ou > 800-900 ml/m² pour le VTDVG).

Le monitorage du débit dans l'aorte descendante par doppler œsophagien permet également la mesure de plusieurs indices obtenus à partir des ondes de vélocité. Certains, comme le temps d'éjection corrigé (FTc), permettraient d'estimer la précharge cardiaque. Théoriquement, il est aussi possible de quantifier la variation respiratoire de ce signal chez les patients en ventilation contrôlée. La valeur de ces indices pour prédire la réponse au RV n'a été que partiellement démontrée. L'intérêt de cette technique est finalement d'abord de donner de façon peu invasive et rapide chez un patient anesthésié ou sédaté une estimation du volume d'éjection systolique et donc de suivre ses variations en réponse au RV.

 

2- Paramètres dynamiques de "précharge-dépendance" du débit cardiaque

Plusieurs études concordantes (dont [9,13,23-30]) ont, depuis une dizaine d'années et plus particulièrement au cours des cinq dernières, illustré puis démontré l'intérêt de la mesure des variations respiratoires de la pression artérielle (PA) pour prédire la réponse du volume d'éjection systolique (VES) du VG et du débit cardiaque au RV ("précharge-dépendance" du débit cardiaque) chez les patients en ventilation contrôlée et dont le rythme cardiaque est régulier. La pertinence de cette analyse a été soulignée dans les "recommandations d'experts concernant les indicateurs du RV au cours de l'insuffisance circulatoire" publiées en 2004 [17]. "Ddown", et plus encore "DPP", sont ainsi apparus dans le langage des médecins occupés à la prise en charge hémodynamique de leurs patients. De nombreuses revues et commentaires sur le sujet sont à la disposition du lecteur intéressé (dont [31-41]). A côté des notions généralement admises concernant les mécanismes impliqués et les principales études cliniques consacrées à ce sujet, persistent des aspects controversés, des limites potentielles ou avérées, dont certains aspects sont plus spécifiques à l'utilisation au bloc opératoire.

   

2.1- Les données (supposées) établies

L'analyse de la relation de Frank-Starling permet de comprendre les discordances fréquentes entre critères statiques de précharge (pressions, flux doppler, dimensions, surfaces ou volumes) et réponse au RV. En effet, dans la mesure où la relation de Frank-Starling est variable, la connaissance d'une valeur donnée de précharge ne permet pas de renseigner sur un état de précharge-dépendance ou de précharge-indépendance, en dehors de conditions extrêmes de précharge (très basse ou de très élevée) [17]. Un paramètre dynamique, en permettant d'estimer l'éjection ventriculaire gauche à deux niveaux de précharge différents, prend en compte cet élément de la réponse hémodynamique au RV et permet une estimation a priori. Au cours de la ventilation contrôlée, les variations du VES du VG induites par la ventilation semblent répondre à cet objectif. En effet, l'insufflation induit des modifications des conditions de charge de chaque ventricule dont les plus importantes sont liées à un effet de chasse du sang capillaire et veineux pulmonaire vers les cavités gauches et à une diminution du retour veineux vers le ventricule droit. L'une induit une augmentation transitoire de la précharge et, éventuellement, du VES du VG, contemporaine de l'insufflation. L'autre induit une diminution transitoire de la précharge du VD, et, le plus souvent, du VES du VD qui, du fait de l'interdépendance ventriculaire en série, se transmet quelques battements cardiaques plus tard (durant l'expiration) au VG, résultant en une diminution cyclique, expiratoire, du VES du VG. Les propriétés mécaniques de la paroi artérielle ne variant peu ou pas d'un battement cardiaque à l'autre, ces variations du VES induisent des variations proportionnelles de la PA, rythmées par la ventilation. Ces variations de la PA peuvent être quantifiées à partir des variations de la PA différentielle (ou pression pulsée [PP], dimension la plus directement liée au VES) ou de la PA systolique.

L'intérêt théorique de l'analyse des variations respiratoires de la PA peut être illustré de façon simplifiée à partir des courbes de Frank-Starling : l'insufflation entraînant des variations cycliques de la précharge biventriculaire, des variations respiratoires de la PA de grande amplitude traduisent des variations de grande amplitude du VES des deux ventricules. Les deux ventricules "travaillent" donc a priori sur la partie ascendante de la courbe de Frank-Starling, le VES est "précharge-dépendant" et augmentera si un RV est réalisé. A l'inverse, des variations de la PA de faible amplitude témoignent de variations du VES également limitées. Au moins l'un des deux ventricules "travaille" donc sur la partie plate de la courbe de Frank-Starling, le VES est "précharge-indépendant" et n'augmenterait pas si un RV était effectué.

La validation expérimentale de cette analyse a été essentiellement réalisée par Perel et al. dans une série de travaux utilisant comme indice la variation respiratoire de la PA systolique (VPAS), décomposée en deux parties, l'une négative (appelée "Ddown"), l'autre positive ("Dup"), déterminées par rapport à la PAS mesurée lors d'une pause téléexpiratoire de quelques secondes [42,43]. Il a ainsi été montré chez l'animal anesthésié et en ventilation mécanique que la VPAS et plus particulièrement "Ddown" étaient des indices sensibles d'hypovolémie (les indices augmentent avec l'importance de l'hypovolémie), que le RV les diminuait et qu'en situation d"hypervolémie", "Ddown" était proche de zéro, mais que subsistait une VPAS de faible amplitude, liée à l'augmentation modeste de "Dup". Ces résultats expérimentaux ont été confirmés chez l'homme où il a également été montré, chez des patients venant d'être opérés de chirurgie vasculaire et dont la fonction ventriculaire gauche était normale, que "Ddown" était corrélé avec la STDVG mesurée par échocardiographie transoesophagienne [23,24]. La capacité de ces indices à prédire la réponse du débit cardiaque au RV a été démontrée dans plusieurs études, en particulier en soins intensifs chez des patients en choc septique [9,13,33]. Des valeurs de "Ddown" > 4-5 mm Hg, et de "DPP" > 12-13 % (avec "DPP" (%) = (PPmax-PPmin) / [(PPmax+PPmin)/2]*100)  possèdent des valeurs prédictives de "précharge-dépendance" (en général définies par l'augmentation du VES d'au moins 10 à 15 % en réponse à un RV de 250 à 500 mL perfusé en 10 à 20 min) de l'ordre de 90 %, largement supérieures à celles obtenus chez les mêmes malades avec des indices de précharge statiques. De plus, une corrélation très significative (mais assez variable d'une étude à l'autre) a été trouvée entre la valeur initiale de "Ddown" ou de "DPP" et l'augmentation de VES secondaire au remplissage. L'utilisation de la VPAS est légèrement moins fiable que les deux précédents indices. Plus récemment, il a également été montré que les variations respiratoires de VES ("DVES", calculées par le système "PiCCO" à partir du monitorage du débit cardiaque et de la PA par cathéter fémoral) prédisaient également de façon satisfaisante (mais sans aucun gain diagnostique par rapport aux indices calculés directement sur la PA) la réponse du VES au RV, y compris chez des patients opérés, en per- et postopératoire [26-29]. La valeur-seuil est de l'ordre de 10 %.

 

2.2- Mécanismes impliqués et conséquences cliniques

L'explication de la relation entre variabilité respiratoire de la PA et précharge-dépendance à partir des courbes de fonction ventriculaire a le mérite de la simplicité et du pragmatisme. Elle néglige cependant un certain nombre de phénomènes induits par la ventilation artificielle susceptibles, pour certains, d'altérer l'interprétation des paramètres dérivés et leur pertinence dans certaines situations cliniques. Les controverses portent notamment sur le rôle respectif de l'augmentation de la pression pleurale et de la pression transpulmonaire au cours de l'insufflation, des effets sur la précharge et/ou la postcharge de chaque ventricule, et donc sur les circulations veineuses (systémique ou pulmonaire) concernées, ou encore sur l'effet de l'insufflation sur les pression aortique transmurale. Focaliser l'analyse sur les courbes de retour veineux [41] ne semble pas avoir d'intérêt pratique particulier. L'analyse centrée sur la circulation pulmonaire, en prenant en compte le rôle de l'insufflation sur la postcharge du VD, explique les larges variations respiratoires de la PA possibles en cas de défaillance cardiaque droite aiguë [40]. L'incidence des "faux positifs" liés à ces circonstances est cependant faible. Il en est de même de l'augmentation inspiratoire de l'éjection ventriculaire gauche, correspondant théoriquement à la composante "Dup", exceptionnellement assez ample pour entraîner des "faux positifs" avec la VPAS ou "DPP". L'absence de "Dup" marqué chez les patients en "précharge-dépendance", en opposition apparente avec la théorie s'appuyant sur les courbes de fonction ventriculaire (si le VG "travaille" sur la partie ascendante de la courbe, il devrait être très sensible aux variations du flux veineux pulmonaire) s'explique probablement par le fait que, dans ces conditions "d'hypovolémie", l'effet de "chasse" depuis le territoire veineux pulmonaire est limité [37]. 

Les variations de la pression extra-murale aortique influencent la VPAS plus que "DPP" ou "Ddown". Ceci explique probablement les performances légèrement supérieures de ces derniers par rapport à la VPAS sans mesure de "Ddown". Plusieurs auteurs suggèrent que des variations des propriétés mécaniques de la paroi aortique sont susceptibles de modifier la relation entre VES et PP et donc la pertinence des indices de précharge-dépendance [39,41]. Cependant, on peut faire l'hypothèse que le retentissement de tels phénomènes devrait être beaucoup plus faible sur ces indices (qui prennent en compte non pas la valeur absolue de la PAS ou de la PP mais leurs variations au cours du cycle respiratoire) que sur la PAS ou la PP elles-mêmes. En pratique, les données cliniques actuelles, obtenues chez des groupes de patients dont l'élastance aortique, les résistances artérielles et la volémie étaient souvent hétérogènes, suggèrent que cette réserve théorique a peu de relevance clinique. De fait, dans un travail récent, nous avons pu observer que "DPP" était aussi "opérationnel" au cours de la chirurgie de l'aorte abdominale après clampage aortique qu'avant [44].

 

2.3- Limites liées aux conditions de ventilation

Les paramètres dynamiques n'ont été validés que sous ventilation mécanique à thorax fermé, en l'absence de mouvements respiratoires spontanés et avec l'utilisation de volumes courants ≥ 7 mL/kg. L'influence du volume courant sur ces paramètres est indiscutable et a bien été documentée avec des volumes courants allant de 5 à 15 ml/kg [45]. L'incidence de ce phénomène sur la valeur prédictive des indices dynamiques n'a cependant pas été réellement évaluée et, dans les limites de volumes courants utilisés en clinique, reste probablement relativement modeste. S'il est certain qu'un état de précharge-dépendance ne peut être mis en évidence par ces indices avec un volume courant très bas, la seule circonstance où cette situation pourrait se rencontrer est le SDRA. A ce jour cependant, cette réserve demeure théorique, d'autant que la compliance pulmonaire n'est plus alors la même que dans les travaux où les volumes courants ont été volontairement abaissés. Quand l'augmentation du volume courant augmente les indices dynamiques, cette augmentation est relativement modérée et pourrait correspondre dans une certaine proportion, à une réelle augmentation de la précharge-dépendance du débit cardiaque [46].

Les indices dynamiques ont été essentiellement validés chez des patients en soins intensifs. Parce que la compliance thoraco-pulmonaire des patients au bloc opératoire est généralement différente de celle des précédents, la pertinence des valeurs seuils décrites chez les uns reste pour certains à démontrer chez les autres [41]. En fait, plusieurs études réalisées en période opératoire montrent que ces seuils ne changent que peu ou pas. Nous avons ainsi observé au cours de deux types de chirurgie (hépatique [47] et aortique [44]) que la meilleure valeur seuil de "DPP" était quasiment inchangée, de l'ordre de 11 à 12 %. La relation entre volémie et indices de précharge-dépendance a été retrouvée chez des patients en cours de sternotomie avec péricarde ouvert, sans indication sur une diminution éventuelle du meilleur seuil [48].

Le monitorage periopératoire et l'instabilité hémodynamique concernent aussi des sujets en ventilation spontanée. L'opportunité de disposer également d'indices dynamiques fiables chez ces patients serait un progrès supplémentaire. L'existence d'interactions entre la ventilation et la circulation en ventilation spontanée sont bien sûr connues depuis longtemps et l'hypovolémie est l'une des causes du "pouls paradoxal" (in [49]). Les quelques études préliminaires réalisées à ce jour sont concordantes avec la seule étude publiée ayant testé l'un de ces indices au cours de la ventilation spontanée [24] pour conclure à la non-fiabilité des paramètres dans ces circonstances. Ceci peut s'expliquer par au moins deux éléments : d'une part la variabilité et la relativement faible amplitude des volumes courants, d'autre part, les différences de régulation de la volémie et du retour veineux chez le sujet conscient par rapport à celui anesthésié.

 

2.4- Automatisation des mesures

Le seul moniteur proposant actuellement en routine un module spécifique est le PiCCO ("DVES", puis "DPP" sur la version "PiCCO plus"). Sur les moniteurs multiparamètriques "classiques", des modules spécifiques pourraient apparaître prochainement, et l'analyse automatique est théoriquement disponible à partir de logiciels après transfert du signal sur ordinateur [50]. A notre sens, l'absence de calcul automatique ne doit pas être une limite à la diffusion de ces paramètres. On peut même se demander si la mise à disposition en permanence d'un chiffre de "DPP" sur un moniteur n'incitera pas à se dispenser de la vérification de la réalité du chiffre affiché et, surtout, de la réflexion nécessaire à son interprétation. Rappelons que la mesure de "Ddown" n'est pas automatisable en monitorage continu puisqu'elle nécessite la réalisation d'une pause télé-expiratoire (sans débranchement du respirateur en cas de pression expiratoire positive). L'utilisation de la fonction "mesure de la PAPO" (disponible sur la plupart des moniteurs multiparamétriques au bloc, en réanimation, ou en salle de déchoquage) permet, après avoir "identifié" la PA comme une PA pulmonaire, d'obtenir une courbe défilant à vitesse réduite que l'on peut "geler" pour mesurer à l'aide du curseur (théoriquement destiné à la mesure de la PAPO) avec une précision excellente les variations respiratoires de la PA. Dans ces conditions de mesure manuelle, la mesure de la VPAS avec "Ddown" est plus simple et plus rapide que celle de "DPP", mais chaque paramètre peut être estimé en quelques secondes.

 

2.5- Mesures non invasives

Si en réanimation, la mesure invasive de la PA est volontiers justifiée, en peropératoire un monitorage non invasif est recherché chaque fois que possible. Des critères dynamiques non invasifs ont été validés dans les mêmes conditions que les précédents. Ils sont issus de l'echographie et du Doppler, et donc nécessitent un bonne maîtrise, sont opérateur-dépendants et ne peuvent être facilement obtenus de façon répétée. Ont ainsi été validés dans au moins une étude [17]: les variations respiratoires des vitesses maximales et de l'intégrale temps-vitesse (ITV) du flux aortique, du diamètre de la veine cave inférieure et de la veine cave supérieure et de l'ITV dans l'aorte descendante. La reproductibilité de ces résultats reste à vérifier en routine. Outre les difficultés d'echogénicité, la pertinence des variations du diamètre de la veine cave inférieure, qui dépendent aussi de la pression intra-abdominale, pourrait être altérée dans toute situation d'hyperpression abdominale, comme après laparotomie, ou encore chez l'obèse.

La variabilité respiratoire de l'onde pléthysmographique de l'oxymètre de pouls pourrait constituer un paramètre très simple d'obtention chez le patient anesthésié [51]. Cependant, les études préliminaires disponibles suggèrent que la fiabilité d'une analyse fondée sur ce signal, bien que significative, n'atteint pas celle des indices invasifs. En revanche, plusieurs travaux non encore publiés ont trouvé que le calcul de "DPP" à partir de la mesure non invasive de la PA par un système de type Finapres était aussi pertinent que celui obtenu de manière invasive, en particulier en anesthésie, alors même que, comme déjà démontré antérieurement, la valeur absolue de la PA n'était corrélée que de façon médiocre avec la PA invasive [44,47]. On voit ainsi poindre à l'horizon la perspective d'une évaluation fiable de la précharge-dépendance utilisable en routine chez tous les patients opérés sous anesthésie générale en ventilation contrôlée, de façon invasive ou non invasive selon le risque opératoire.

 

3- Précharge-dépendance et remplissage vasculaire

Quelles que soient la précision et la fiabilité des paramètres dérivés des variations respiratoires de la PA pour prédire l'évolution du VES en réponse au RV, le pronostic dépend de la décision thérapeutique et non du monitorage lui-même. Classiquement, la question d'un RV se pose en présence d'un ou plusieurs signes, cliniques, biologiques ou hémodynamiques, susceptibles de traduire une diminution de perfusion tissulaire et de délivrance en oxygène aux tissus. Chez un patient donné, les bénéfices liés à l'augmentation du VES secondaire au RV sont à intégrer dans l'ensemble des données disponibles, et en particulier à mettre en balance avec les risques inhérents au RV lui-même et principalement secondaires à l'augmentation de pression hydrostatique qu'il peut provoquer. L'intérêt théorique d'indices tels que la pression capillaire pulmonaire (estimée par cathéter artériel pulmonaire) ou l'eau pulmonaire extravasculaire (calculé par le PiCCO) pour apprécier ce risque n'est pas clairement validé en pratique. L'absence de variations respiratoires significatives de la PA, ou leur atténuation marquée au cours du RV, est aussi un argument fort pour ne pas donner, ou ne pas continuer, un RV. Nous avons par exemple observé que cette analyse permettait facilement de décider entre RV et vasopresseurs pour le traitement des hypotensions artérielles survenant après exérèse d'un phéochromocytome [52]. Il ne faut cependant pas oublier que même dans les séries dont les résultats sont les meilleurs, l'incidence des faux positifs et faux négatifs (en terme de prédiction de l'efficacité hémodynamique du RV) est de 5 à 10 %.

La mesure répétée de ces paramètres en cours de chirurgie pourrait aussi être utile pour adapter l'importance des apports volumiques peropératoires. Plusieurs études ont en effet montré que la "maximalisation" systématique du VES par des RV itératifs au cours de l'intervention chirurgicale chez des patients à risque postopératoire moyen ou élevé était susceptible de diminuer la morbidité postopératoire en prévenant toute "hypovolémie occulte". Il faut préciser que ces résultats ont été obtenus en utilisant le Doppler œsophagien (débit dans l'aorte descendante) avec des protocoles renouvelant régulièrement des épreuves de remplissage de façon à vérifier à chaque fois que le cœur travaillait en état de précharge-indépendance (voir notamment [1-4]). On peut faire l'hypothèse que cet objectif pourrait être atteint plus facilement et sans tests de remplissage inutiles avec la mesure des paramètres de variabilité respiratoire. Cette hypothèse est d'ailleurs actuellement en cours d'évaluation.

Il a également été montré qu'un excès d'apport liquidien systématique peropératoire était également susceptible d'augmenter l'incidence des complications postopératoires [53]. Ceci pourrait être vrai par exemple en chirurgie abdominale de longue durée où des apports relativement importants sont souvent recommandés de façon empirique. Dans notre expérience, la surveillance des paramètres de précharge-dépendance contribue également à réduire ces apports systématiques, probablement inutiles et parfois délétères.

Dans le cadre des soins intensifs, l'intérêt d'indices fiables d'expansion volémique pour diminuer la morbidité voire la mortalité n'est pas démontré. Les recommandations internationales les plus récentes pour le sepsis proposent de guider le remplissage sur la PVC, la PAPO et/ou un indice de variation respiratoire de la PA. Dans ce contexte, c'est surtout la répétition de l'évaluation hémodynamique et l'utilisation couplée d'indices évaluant l'adéquation apport-demande en oxygène qui sont mises en avant [54,55]

 

 

 

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