La vidange gastrique pré-opératoire
est-elle toujours nécessaire ?
Pr P. Adnet, Dr A.P. Forget
Service d'Accueil des
Urgences, CHU de Lille
Points essentiels
- L'inhalation de liquide gastrique constitue encore l'une des grandes complications de
l'anesthésie générale.
- Une prémédication per os avec un verre d'eau, une heure avant l'intervention, ne crée
par une situation d'estomac plein.
- L'évacuation gastrique est actuellement mieux connue : rapide pour les liquides
(inférieure à 3 heures), longue pour les solides (supérieure à 6 heures). Ce délai
peut être très prolongé en cas de traumatisme. Aussi, la règle des 6 heures n'a pas de
substratum physiologique et doit être considérée comme faussement sécurisante.
- Le volume et le pH à partir desquels une inhalation est considérée comme dangereuse
est de 0,8 ml/kg et un pH inférieur à 3,5. La présence de particules alimentaires ou
d'une flore bactérienne importante ajoute sa propre gravité.
- Une préparation de l'estomac par aspiration, anti H2, citrate de sodium et une
prémédication par des agents à action émétisante ne peuvent que diminuer les risques
d'inhalation mais ne sont pas toujours réalisables dans le cadre de l'urgence.
- La technique d'induction rapide (crash induction) reste la méthode de choix et de
référence. Elle est malheureusement trop souvent abandonnée.
- Le meilleur agent d'induction est celui dont l'action est la plus rapide (Thiopental,
Propofol).
- Le seul curare à utiliser est la succinylcholine.
- La manoeuvre de Seddick est efficace contre les régurgitations, mais peut être
dangereuse lors de vomissements.
- La vidange gastrique systématique avant l'induction n'empêche pas la survenue de
régurgitations ni de vomissements. Elle ne modifie ni la morbidité ni la mortalité
secondaire à cet accident. Elle doit rester systématique lors d'occlusions intestinales
aiguës.